Atelier du 07 Janvier 2022

Atelier du 07 janvier 2022


 

1. Plateformes informatiques et stratégie de publication

La plateforme informatique du réseau a été réintroduite. Ensuite, les membres ont discuté des options et des stratégies de recherche. Les discussions ont également porté sur la question de la date et du format du séminaire de deux jours prévu en 2022 à Ouagadougou (voir ci-dessous).

2. Concepts clés de la recherche en langue anglaise

Suite à des demandes de certains membres du réseau, Eric et Heidi ont présenté quelques concepts clés de la recherche anglophone en sociologie, anthropologie, journalisme et communication. En plus de voir si ces concepts pouvaient servir d’outils ou d’inspiration aux chercheurs, l’objectif était aussi de voir si nous pouvions en tirer une plateforme et un thème communs pour le séminaire et nos communications.

3.1 Médiatisation et subjectivité – présentation de Heidi

Cette présentation a abordé la notion de « médiatisation », telle que définie et discutée par JANSSON, A. BENGTSSON, S. FAST, K. et LINDELL, J. dans leur article Mediatization from Within: A Plea for Emic Approaches to Media-Related Social Change, Communication Theory 31 (2021) 956-977. La notion est congruente avec le concept d’« écologie de la communication », introduit par Norbert Wildermuth lors de notre premier webinaire, mais elle diffère dans son objectif de décrire et de valider le changement social lié aux médias. Plus précisément, les auteurs soulignent l’utilité d’utiliser la « théorie ancrée » – théoriser à partir d’un dialogue étroit avec le terrain, suivant à bien des égards les réflexions d’Olivier de Sardan sur la relation entre la perspective émique et la perspective étique que le chercheur peut apporter au terrain.

Heidi a ensuite présenté la notion de subjectivité telle que discutée par Kelly Oliver dans OLIVER, K. Subjectivity and Subject Position: The Double Meaning of Witnessing, Studies in Practical Philosophy, Vol. 3, No. 2, 2003, 132-143. L’essentiel de cet article était l’utilité de penser la subjectivité comme une pluralité de récits : le récit que l’individu se donne à lui-même concernant sa position et son rôle face au monde ; le récit que l’individu donne à un autre et/ou à l’Autre concernant sa position et son rôle face au monde.

Heidi propose que nous nous intéressions aux conditions matérielles, discursives, économiques, sociales et médiatiques (ces dernières incluent en effet un élément des quatre conditions précédentes) qui peuvent conduire nos interlocuteurs et les acteurs qui les entourent à formuler des types particuliers de récits et donc à agir selon différentes modalités de subjectivité.

En référence à ANDERSON, CW Fake News is Not a Virus: On Platforms and Their Effects, Communication Theory 31 (2021) 42-61 ; HACKING, I. (2006). Making Up People. London Review of Books. Récupéré de https://www.lrb.co.uk/v28/n16/ian-hacking/making-up-people ; MACKENZIE, D. (2008). An engine, not a camera: How financial models shape markets. Cambridge, MA: The MIT Press et MARRES, M. (2018) Pourquoi nous ne pouvons pas récupérer nos faits. Engaging Science, Technology, and Society, 4, 423-443.

Heidi a souligné l’importance de considérer dans quelle mesure nos propres utilisations de certains concepts – en tant que chercheurs et journalistes – sont influencées par les concepts préférés des bailleurs de fonds de nos recherches et/ou publications. Ainsi, Anderson souligne notre intérêt en tant que chercheurs à nous engager dans le triangle médias-politiciens-chercheurs afin de rester vigilants et attentifs aux contraintes directes et indirectes qui pèsent sur notre indépendance intellectuelle ainsi que sur l’indépendance des autres acteurs. Dans l’écologie communicationnelle entre ces trois groupes qui cherchent tous à inculquer certaines idées à la population, la couverture médiatique de certaines catégories ethniques, religieuses, géographiques, etc. peut avoir des conséquences bien au-delà du contrôle des trois groupes d’acteurs…

3.2 Gatekeeping – une conceptualisation utile d’une pratique de pouvoir dans le flux d’informations, de personnes et de biens

Le terme « gatekeeping » a été proposé par Kurt Zadek Lewin (1943, 1947) en psychologie pour désigner l’action de filtrer et de bloquer les choses inutiles ou indésirables. Eric a présenté plusieurs acceptions du terme qui seraient pertinentes pour notre travail. Citons-en quelques-unes ici (voir aussi sa présentation visuelle diffusée par courrier électronique) :

  • Les chercheurs en médias utilisent également le terme « gatekeeping » pour expliquer le rôle des médias en tant que filtre d’informations pour le public (Schoemaker et Voss, 2009 ; Engelmann, 2016), en mettant l’accent sur la pression, la censure et l’autocensure.
  • Frederick Cooper a mobilisé la métaphore de l’État gardien dans son travail sur l’histoire de l’État en Afrique (Cooper 2002, 2005). Cooper (2005) décrit comment l’État africain postcolonial et patrimonial contrôle la circulation des citoyens, des fonds et des ressources à l’intérieur des frontières nationales et surtout au-delà des frontières.
  • État gardien = un État extraverti à l’extrême qui s’efforce de contrôler la porte d’entrée à l’intersection de l’État-nation, de l’économie mondiale et des agences internationales.
  • Le rôle de divers petits États (Bulgarie, Hongrie, Croatie, Malte) et îles (appartenant à la Grèce, à l’Espagne ou à l’Italie) comme États gardiens par rapport à leur rôle de gardien des frontières de l’Europe (Hills 2004 ; Kim 2018, Mainwaring 2019 ; Luša 2021). Le Sahel et le Maghreb sont-ils également envisagés par les autorités européennes comme des États gardiens pour endiguer la migration illégale vers l’Europe ? Quelles seraient les conséquences sur la politique de sécurité que l’Europe tenterait de mener dans la région en alliance ou en parallèle avec les autorités ou les populations du Maghreb et du Sahel ?

Attention ! Il ne faut pas oublier de prendre en compte d’autres acteurs que l’État pour comprendre comment fonctionnent ces « filtres », ces « portes » et ce « gatekeeping »… (Hönke 2018).

Les deux présentations ont donné des exemples de questions que le chercheur peut se poser afin d’appliquer les notions présentées dans la théorisation de la problématique d’analyse et comme partie intégrante de la méthodologie de production des données.

Débats et décisions :

Les membres du réseau ont rapidement perçu la pertinence de combiner les questions de médiatisation et la notion de gatekeeping. Par exemple, l’utilisation et la médiatisation de l’appartenance ethnique ou religieuse des groupes en conflit au Sahel ont été évoquées, alors que le journalisme d’investigation et les enquêtes de terrain ont montré à plusieurs reprises que les trafics illicites, l’accès à la terre, à l’eau ou à d’autres ressources, et les règlements de comptes sont au cœur des conflits. Différents paramètres du triangle médias-politiciens-chercheurs facilitent l’émergence de différents types de gatekeeping qui surveillent et filtrent les flux d’informations, de personnes et de biens au sein des trois pays, entre eux et dans la région ainsi qu’au-delà de la région. On peut citer comme exemples a) la prédilection des médias étrangers pour les explications ethniques qui seraient ensuite reprises par les médias endogènes et sur les réseaux sociaux ; b) la construction de la catégorie « centre du Mali », notion qui n’a aucun sens pour les Maliens en général ni pour les populations vivant dans la zone désignée, et qui relève plutôt d’une cartographie militaire exogène, issue des technologies déployées par ces derniers ; c) la désignation historiquement récente du Burkina Faso comme « pays sahélien », désignation qui peut occulter les différences historiques et contemporaines entre le Burkina Faso et le Mali et le Niger, ou l’hétérogénéité du Burkina Faso. Dans la machine sécuritaire internationale, le rapprochement des trois pays peut faciliter la mise en œuvre d’une politique globale.

Les discussions ont porté sur le moment et la manière dont la pratique du gatekeeping a été mise en œuvre dans ces exemples et dans d’autres qui ont été mentionnés. Les membres étaient très conscients du rôle des réseaux sociaux mais aussi des médias « établis » dans leur choix de thèmes, d’angles et de perspectives. Comme Eric l’avait suggéré dans sa présentation, un défi était peut-être aussi le manque de gatekeeping sur les réseaux sociaux ? Alors que Heidi partageait le point de vue d’Anderson selon lequel le critère de gatekeeping des réseaux sociaux n’est pas de tenir un discours de réflexions, de nuances et de sagesse, mais de susciter de grandes émotions et d’attirer des « likes »… Ainsi, l’échange a conduit les membres à vouloir se concentrer non seulement sur des cas de gatekeeping, mais sur des cas de nouvelles fabrications de gatekeeping ou de négociations ou de luttes (de position comme chez Gramsci) de nouvelles formes de gatekeeping. En effet, les groupes armés sont en réalité les gardiens à la fois du flux d’informations, de personnes et de biens dans de multiples régions…

Les membres ont décidé que ces questions et en particulier la formule « L’élaboration et la négociation de différentes formes de gatekeeping au Sahel » devraient être intégrées comme thème central de la conférence de 2022.

4. Projet de Formation Sud (STP) « Journalisme, Communication et Conflit » Présenté par Lassané Yaméogo

Ce projet comporte un volet de recherche et un volet d’enseignement sous la forme d’un certificat en journalisme, communication et conflits qui s’adresse a) aux professionnels des médias et b) aux personnes travaillant sur des tâches de communication liées aux conflits et aux questions de sécurité au Burkina Faso ainsi qu’au Mali et au Niger, dans la mesure du possible. En outre, les résultats du projet comportent un volet de communication via un site Web.

Les coordinateurs du projet sont le Prof Emmanuel Flimis (Université Saint Louis de Bruxelles) et le Dr Lassané Yaméogo (INSS/CNRST). Le projet devrait durer 5 ans à compter du 1er avril 2021.

4.1. Contexte du projet (éléments sélectionnés)

Les résultats d’une étude sur la radiodiffusion et l’extrémisme violent au Burkina (Yaméogo, 2018) ont permis de clarifier les enjeux dans le contexte du projet. Les éléments mis en évidence sont, entre autres :

Menaces contre les journalistes et les animateurs radio, y compris tensions et manque de coopération entre les FDS et les journalistes ; silences sur les attaques ; pertes économiques importantes pour les travailleurs des médias.

On observe chez certains professionnels des médias un certain déséquilibre dans la collecte d’informations auprès des acteurs directs du conflit, des discours incendiaires et la transmission de ces discours sans distance critique suffisante, l’utilisation de sources partisanes sans les indiquer clairement comme telles aux lecteurs.

4.2 Éléments sélectionnés du volet de recherche

Deux thèses de doctorat

Production d’ouvrages scientifiques sur le thème

Colloques et conférences sur le thème

Publication d’articles scientifiques sur le sujet

4.3. Éléments d’enseignement – ​​modules

o Analyse des conflits et processus de communication (M1)

o Journalisme sensible aux conflits (M2)

o Communication et information en temps de crise (M3)

o Nouveaux médias, réseaux sociaux et conflits (M4)

o Formation des Formateurs (M5)

4.4. Discussions et décisions

Les membres ont félicité Lassané pour la mise en œuvre de ce projet qui va à l’encontre d’un besoin reconnu par tous. Les membres ont souligné l’importance d’inclure dans les modules proposés, ou éventuellement dans des modules supplémentaires, une formation sur la complexité sociale des régions spécifiques pour que les journalistes puissent eux-mêmes rechercher ces nuances de base lorsqu’ils se rendent sur le terrain.

Les membres ont demandé s’il était possible de reconnecter ce projet à notre réseau. Il a été décidé que Lassané et Heidi se chargeraient de formuler une proposition d’accord de partenariat.

De notre côté, nous pouvons ouvrir nos activités aux chercheurs, enseignants et étudiants journalistes du CJCS. De leur côté, le projet pourrait nous aider à identifier des professionnels des médias engagés qui cherchent à améliorer le fonctionnement du secteur dans des conditions très difficiles. Nous verrons s’il est possible de placer les activités dans les périodes où le projet amènerait des journalistes du Mali et du Niger à Ouagadougou.

5. Présentation du site web du réseau et comment réaliser un texte de blog

Les membres ont apprécié que le travail ait été commencé. Il est toujours en cours.

5.1. Décisions prises autour du blog

Genre : Textes de communication. Les textes du blog servent à communiquer nos résultats de recherche ainsi que nos réflexions sur le processus de recherche, y compris les difficultés méthodologiques et théoriques à un public mondial, c’est-à-dire dans un langage sobre, précis, mais pas trop scientifique.

Notre tâche n’est pas de préconiser des solutions, mais de partager nos connaissances sur la complexité et les nuances des problèmes ou des questions que nous posons dans le texte.

Chaque auteur est libre de se formuler comme il l’entend dans ce cadre.

Public visé : autres chercheurs et professionnels des médias, étudiants, militants, ONG, ministères, diplomates, OSC. Nous envisageons un public anglophone et francophone dans le monde entier car les textes seront également traduits en anglais.

6. Séminaire de 2 jours à Ouagadougou 2022

Les membres ont souhaité que l’activité soit placée dans l’intervalle du 10 au 20 septembre 2022. Un aperçu des différentes étapes des préparatifs a été établi.

Atelier 7 Janvier 2022

1. La plateforme informatique du réseau

a été présenté à nouveau. Ensuite, les membres ont discuté des options et des stratégies de recherche. Les discussions ont également porté sur la question de la date et du format du séminaire de deux jours prévu pour 2022 à Ouagadougou (voir ci-dessous).

2. Médiatisation et subjectivité – présentation par Heidi

Cette présentation a discuté de la notion de « médiatisation », telle que la notion est définie et discutée par JANSSON, A. BENGTSSON, S. FAST, K. et LINDELL, J. dans leur article Mediatization from Within: A Plea for Emic Approaches to Changement social lié aux médias, Théorie de la communication 31 (2021) 956-977. La notion est en congruence avec le concept de « écologie de communication », introduit par Norbert Wildermuth lors de notre premier webinaire mais il s’y distingue par son objectif de vouloir décrire et valider des changements sociaux relatifs aux médias. Plus précisément, les auteurs soulignent l’utilité de se servir de « grounded théorique » – théorisation émanant d’un dialogue étroit avec le terrain, suivant en beaucoup de manière les réflexions d’Olivier de Sardan sur le rapport entre la perspective émique et étique. que peut porter le chercheur sur le terrain.

Ensuite, Heidi a présenté la notion de subjectivité telle que la notion a été discutée par Kelly Oliver dans OLIVER, K. Subjectivity and Subject Position: The Double Meaning of Witnessing, Studies in Practical Philosophy, Vol. 3, n° 2, 2003, 132-143. L’essence tirée de cet article était l’utilité de penser la subjectivité comme une pluralité de récits : le récit que l’individu fait à soi-même concernant sa position et son rôle en face du monde ; le récit que l’individu fait à autrui et/ou à l’Autre concernant sa position et son rôle en face du monde.

Heidi a proposé que nous nous intéressons aux conditions matérielles, discursives, économiques et sociales et médiatiques   (ce dernier comprend en effet un élément des quatre conditions précédentes) qui peuvent amener nos interlocuteurs et les acteurs autour d’eux de formuler des types particuliers de récits et donc d’agir selon différentes modalités de subjectivité.

En se référant à ANDERSON, CW Fake News is Not a Virus: On Platforms and Their Effects, Communication Theory 31 (2021) 42-61 ; PIRATAGE, I. (2006). Inventer des gens. Revue de livres de Londres. Récupéré de https://www.lrb.co.uk/v28/n16/ian-hacking/making-up-people ; MACKENZIE, D. (2008). Un moteur, pas une caméra : comment les modèles financiers façonnent les marchés. Cambridge, MA : The MIT Press et MARRES, M. (2018) Pourquoi nous ne pouvons pas récupérer nos faits. Engaging Science, Technology, and Society , 4, 423–443, Heidi a souligné l’importance de tenir compte de quelle mesure nos propres utilisations de certains concepts – en tant que chercheurs et journalistes – sont influencées par les concepts préférés des bailleurs de fond de nos recherches ou/et publications. Ainsi, Anderson souligne notre intérêt en tant que chercheurs à nous intéresser au triangle médias- politiciens-chercheurs afin de rester vigilants et réfléchis sur des contraintes directes et indirectes de notre indépendance intellectuelle ainsi que l’indépendance des autres acteurs. Dans l’écologie communicative entre ces trois groupes qui cherchent tous à inculquer certaines idées aux populations, la médiatisation de certaines catégories ethniques, religieuses, géographiques, etc. peut avoir des conséquences bien au-delà du contrôle des trois groupes d’acteurs…

3. Gatekeeping – une notion utile pour conceptualiser une pratique de pouvoir dans la circulation des informations, des personnes et des biens

Gatekeeping’ (le gardiennage) était proposé par Kurt Zadek Lewin (1943, 1947) en psychologie pour désigner l’action de filtrage et de blocage de choses inutiles ou non désirées. Éric a présenté plusieurs acceptations du terme qui seraient pertinentes pour nos travaux. Mentionnons ici quelques-unes (voir aussi sa présentation visuelle diffusée par mail) :

  •  Les chercheurs des médias utilisent également le gatekeeping pour expliquer le rôle des médias comme filtre des informations destinées au public (Schoemaker& Voss, 2009 ; Engelmann, 2016) avec une attention particulière sur la pression, la censure et l’auto-censure.
  • Frederick Cooper a mobilisé la métaphore de l’État porté dans son travail sur l’histoire de l’État en Afrique (Cooper 2002, 2005). Cooper (2005) décrit la manière dont l’État africain postcolonial et patrimonial contrôle la circulation des citoyens, des fonds et des ressources à l’intérieur des frontières nationales et surtout au-delà des frontières.
  • Gatekeeper state / l’Etat portier= un état extraverti à l’extrême focalisé sur le contrôle de la porte située à l’intersection de l’état-nation et de l’économie mondiale et des agences internationales.
  • Le rôle de divers petits Etats (Bulgarie, Hongrie, Croatie, Malte) et îles (appartenant à la Grèce, l’Espagne ou l’Italie) comme Etats portiers en relation avec leur rôle de gardiennage des frontières de l’Europe (Hills 2004 ; Kim 2018, Mainwaring 2019 ; [Est-ce que le Sahel et le Maghreb sont également envisagés par les autorités européennes comme des États ports pour endiguer la migration illégale vers l’Europe ? Quelles seront les conséquences pour la politique de sécurité que l’Europe essaierait de mener dans la région en alliance ou parallèlement avec les autorités ou populations maghrébines et sahéliennes ?]

Attention ! Il ne faut pas oublier de tenir compte d’autres acteurs que ceux de l’État afin de comprendre comment fonctionnent ces « filtres », « portails » et gardiennage… (Hönke 2018).

Les deux présentations ont donné des exemples de questions que le chercheur peut se poser afin d’appliquer les notions présentées dans la théorisation de l’enjeu de l’analyse et comme partie intégrée dans la méthodologie de produire les données.

3.1 Débats et décisions :

Les membres du réseau ont vite perçu la pertinence de combiner les enjeux de la médiatisation et la notion de gatekeeping. À titre d’exemple, on a évoqué l’emploi et la médiatisation de l’appartenance ethnique ou religieuse des groupes en conflit au Sahel alors que le journalisme d’investigation et la recherche sur les terrains ont démontré, à plusieurs reprises que ce sont des enjeux de trafics illégaux, d’accès aux terrains, à l’eau ou d’autres ressources ainsi que les règlements de compte qui sont au centre des conflits. Or différents paramètres du triangle médias, politiciens, chercheurs facilitent l’émergence de différentes sortes de gatekeeping qui surveillent et filtrent la circulation des informations, des personnes et des biens à l’intérieur des trois pays, entre eux et dans la région aussi bien qu’ ‘au-delà de la région. Exemples évoqués étaient a) la prédilection des médias étrangers pour des explications ethniques qui seraient ensuite reprises par les médias endogènes et sur les réseaux sociaux ; b) la construction de la catégorie « le centre de Mali », notion qui donne aucun sens aux Maliens en général ni aux gens habitant l’endroit désigné et qui provient plutôt d’une cartographie militaire exogène, issue des technologies déployées par celle-ci ; c) la désignation, historiquement récente du Burkina Faso comme « pays sahélien », désignation qui peut occulter des différences historiques et contemporaines entre le Burkina Faso et le Mali et le Niger ou bien l’hétérogénéité du Burkina Faso. Dans la machine internationale de sécurisation, mettre les trois pays ensemble peut faciliter la mise en œuvre d’une politique globale.

Les débats se sont surtout focalisés quand et comment la pratique de gatekeeping a été mise en vigueur dans ces exemples ainsi que dans d’autres qui ont été évoqués. Les membres étaient très conscients du rôle des réseaux sociaux mais aussi des médias « établis » dans leurs choix de thèmes, angles et perspectives. Comme Eric l’avait proposé dans sa présentation, un défi était peut-être aussi, l’absence de gatekeeping sur les réseaux sociaux ? Alors que Heidi a partagé l’avis d’Anderson selon lequel le critère de contrôle des réseaux sociaux n’est pas de tenir un discours de réflexions, de nuances et de la sagesse, mais de susciter des grandes émotions et attirer des « j’aime ». »… Ainsi, l’échange a conduit les membres à vouloir se focaliser sur des instances non seulement de gatekeeping, mais sur les instances de nouvelles fabrications de gatekeeping ou des négociations ou luttes (de position comme chez Gramsci) de nouvelles formes de gatekeeping. En effet, les groupes armés sont en réalité les gardiens à la fois de la circulation des informations, des personnes et des biens dans des multiples régions…

Les membres ont décidé que ces questions et notamment la formule « La fabrication et la négociation de différentes formes de gatekeeping au Sahel » devraient être intégrées comme thème central dans le colloque de 2022.

4. Projet de Formation Sud (PFS) « Journalisme, communication et conflits » Présenté par Lassané Yaméogo

Ce projet comporte un volet de recherche et un volet d’enseignement sous forme d’un Certificat en Journalisme Communication et Conflit qui cible a) les travailleurs de médias et b) les personnes travaillant avec des tâches de communication portant sur des conflits et questions de sécurité au Burkina Faso aussi bien qu’au Mali et Niger dans la mesure du possible. De plus, il y a un volet de communication des résultats du projet à travers un site web.

Les coordonnateurs du projet sont le Pr Emmanuel Flimis (Université Saint Louis de Bruxelles) et le Dr Lassané Yaméogo (INSS /CNRST). Le projet est censé durer 5 ans à partir du 1 er avril 2021.

4.1. Contexte du projet (éléments sélectionnés)

Les conclusions tirées d’une étude sur les radiodiffusions et l’extrémisme violent au Burkina (Yaméogo, 2018) ont contribué à préciser les enjeux du contexte du projet. Les éléments qui ont été soulignés sont, parmi d’autres :

Menaces contre les journalistes et animateurs de radio y compris tensions et absence de coopération entre les FDS et les journalistes ; silences sur les attaques ; pertes économiques importantes pour les travailleurs des médias.

Chez certains travailleurs des médias l’on retrouve un certain déséquilibre dans le recueil de l’information auprès des acteurs directs en conflit, des discours incendiaires et la mise en relais de tels discours sans suffisamment de distance critique, le recours à des sources partisanes sans les signaler clairement comme telles aux lecteurs.

4.2 Éléments sélectionnés du volet de recherche

  • deux thèses de doctorat
  • Production de travaux scientifiques sur la thématique
  • Colloques et conférences sur la thématique
  • Publication d’articles scientifiques sur la thématique

4.3. Éléments d’enseignement – ​​les modules

  • Analyse des conflits et des processus de communication (M1)
  •  Journalisme sensible aux conflits (M2)
  •  Communication et information en période de crise (M3)
  •  Nouveaux médias, réseaux sociaux et conflits (M4)
  •  Formation de formateur (M5)

4.4. Débats et décisions

Les membres ont félicité Lassané pour la mise en œuvre de ce projet qui va à l’encontre d’un besoin reconnu par tous. Les membres ont souligné l’importance d’inclure dans les modules proposés ou, éventuellement, dans des modules supplémentaires, une formation dans la complexité sociale de différentes régions précisément afin d’assurer que les journalistes pourraient chercher ces nuances de bases eux-mêmes quand ils se rendent sur le terrain.

Les membres ont posé la question de savoir s’il était possible de renouer des liens entre ce projet et notre réseau. On a décidé que Lassané et Heidi se mettaient à la tâche de formuler une proposition d’une convention de partenariat.

De notre part, on peut ouvrir nos activités aux chercheurs, enseignants et journalistes-élèves du CJCS. De leur côté, le projet pourrait nous aider à identifier les travailleurs des médias engagés qui cherchent à améliorer le fonctionnement du secteur dans des conditions très difficiles. Nous verrons s’il est possible de placer les activités dans les périodes où le projet devrait venir des journalistes du Mali et du Niger à Ouagadougou.

5. Présentation du site internet du réseau et commentaire faire un texte blog

Les membres ont apprécié que le travail ait été entamé. Il est encore en chantier.

Décisions prises autour du blog

Genre : Textes de communication. Les textes blogs servent à communiquer nos résultats de recherches ainsi que nos réflexions sur le processus de recherche, y compris sur les difficultés de méthodes et théoriques à un public mondial, c’est-à-dire dans un langage sobre, précis, mais non trop scientifique.

Il n’est pas notre tâche de préconiser des solutions, mais de partager nos connaissances sur la complexité et les nuances des problèmes ou questions que nous posons dans le texte.

Chaque auteur est libre de se formuler comme il voudra dans ce cadre.

Le public : Le public ciblé sont d’autres chercheurs et travailleurs de médias, étudiants, activistes, ONG, ministères, diplomates, OSC. On envisage un public de langue française et anglaise mondiale puisque les textes seront également traduits en anglais.

6. Séminaire de 2 jours à Ouagadougou 2022

Les membres ont souhaité que l’activité soit placée dans l’intervalle entre le 10 et le 20 septembre 2022. Une esquisse des différents jalons des préparatifs a été faite.

inspirants.

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